(Actualisation: point sur les offres de refinancement à date, commentaire d'un analyste, cours de Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'action Atos accuse la plus forte baisse de l'indice SBF 120 jeudi, alors que le groupe de services numériques en difficulté a prévenu que ses besoins de nouvelles liquidités seraient plus élevés que prévu, sans toutefois les quantifier.

Vers 10h15, le titre Atos chutait de 7,2%, à 1,85 euro. "L'incertitude persiste", commente Stifel dans une note de recherche envoyée à ses clients.

Miné par de multiples faux pas stratégiques et crises de gouvernance, qui ont conduit à une hausse supérieure à 50% de son endettement entre 2022 et 2023, Atos se trouve en grandes difficultés. L'ancien fleuron français de l'informatique est en attente d'un accord global de renflouement. Au début du mois d'avril, Atos avait estimé que ses besoins de refinancement s'élevaient à 1,2 milliard d'euros, dont 600 millions d'euros de liquidités pour financer son activité sur la période 2024-2025, 300 millions d'euros de nouvelles lignes de crédit renouvelables et 300 millions d'euros de lignes de garanties bancaires additionnelles.

Ce jeudi, Atos a prévenu avoir révisé son plan d'affaires pour la période 2024-2027, ce qui entraîne "une augmentation du besoin de nouvelles liquidités et potentiellement une réduction de dette supplémentaire".

Lors d'une conférence avec des journalistes, Paul Saleh, le directeur général d'Atos, n'a pas souhaité chiffrer ces besoins supplémentaires, promettant une communication au marché "dans les prochains jours".

Ces fonds pourront être fournis sous la forme de dette et/ou de capital par des parties prenantes existantes ou des investisseurs tiers. Les offres sont désormais attendues d'ici au 3 mai, alors qu'elles étaient précédemment espérées vendredi au plus tard. "A ce stade, nous avons reçu plusieurs intentions d'offres, mais aucune offre officielle", a précisé Paul Saleh.

Atos souhaite toujours parvenir à un accord global de refinancement d'ici à juillet, date d'arrivée à échéance d'un prêt de 1,5 milliard d'euros, dont les termes comprennent toutefois une option d'extension de six mois jusqu'en janvier 2025.

La dette approche les 4 milliards d'euros

La dette nette d'Atos, qui s'établissait à 2,3 milliards d'euros à fin 2023, a continué de grimper pour atteindre 3,9 milliards d'euros à fin mars 2024. Les performances du groupe ont effet continué de se détériorer. Au premier trimestre, le chiffre d'affaires d'Atos a reflué de 11,1% sur un an en données publiées et de 2,6% en données organiques, à 2,48 milliards d'euros.

La marge opérationnelle est ressortie à 48 millions d'euros au premier trimestre, représentant 1,9% des ventes, contre 3,3% un an plus tôt.

La situation financière critique d'Atos menace aussi son carnet de commandes. L'entreprise a indiqué avoir enregistré pour 1,59 milliard d'euros de nouvelles commandes au premier trimestre, ce qui fait ressortir un ratio prises de commandes sur chiffre d'affaires de 64%, contre 73% pour la même période de 2023.

La contraction de ce ratio reflète "des reports dans l'attribution de contrats, les clients attendant la finalisation du plan de refinancement", a concédé Atos.

Recomposition du tour de table en vue

Dans ce contexte, le spécialiste de la transition numérique Onepoint, premier actionnaire d'Atos avec 11,1% du capital, a toutefois annoncé son intention de présenter d'ici à fin avril un plan stratégique, baptisé "OneAtos", soutenu notamment par la société d'investissement Butler Industries.

Compte tenu de l'état dégradé du bilan d'Atos, un accord global de refinancement du groupe entraînera une dilution significative des actionnaires existants et une recomposition significative de son tour de table, qui pourrait accueillir l'Etat français.

Dans la foulée de l'audition au Sénat du président du conseil d'administration d'Atos, Jean-Pierre Mustier, et de Paul Saleh, sur la situation et les perspectives du groupe, les rapporteurs ont appelé au début du mois à une "entrée durable" de l'Etat français au capital de l'entreprise en difficulté.

Les rapporteurs présenteront leurs conclusions finales mardi. Mais ils appellent déjà le gouvernement à "envisager une intervention plus stratégique et à long terme, notamment par une participation de l'Etat au capital d'Atos via [la banque publique d'investissement, ndlr] Bpifrance".

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV

(Alice Doré a contribué à cet article)

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April 25, 2024 04:17 ET (08:17 GMT)